Les grandes manœuvres dans le monde bancaire se préparent ?
La consolidation de créances, l'offre qui consiste à racheter les crédits d'un emprunteur pour lui accorder un seul prêt plus long afin d'alléger ses échéances, était hier le lot des établissements spécialisés sur une clientèle triée sur le volet. Aujourd'hui les banques n'ont plus peur de vendre directement des offres et de proposer systématiquement aux clients de racheter leurs crédits.
Car non seulement le rachat de créances se banalise mais c'est une arme idoine dans la course aux volumes que se livrent les banques dans un marché mature. " Cela permet de capter de nouveaux clients en supprimant la concurrence. Des clients, qui plus est, fidèles car ils ne sont plus dans une logique de crédit revolving dont la durée est incertaine ", dit Rémi Legrand, associé chez Eurogroup.
Au printemps 2004, General Electric a racheté à Abbey National le spécialiste Royal Saint Georges Banque (RSBG) pour 56 millions d'euros. Dans la foulée, le Crédit Foncier, filiale de crédit immobilier des Caisses d'Epargne, a pris la majorité du capital du Crédit Foncier et Communal d'Alsace et Lorraine (CFCAL), autre poids lourd du secteur, et lancé en fin d'année 2005 une activité similaire au Portugal pour un développement en Europe du Sud via une prise de participation dans un opérateur local. L'UCB a racheté l'activité d'Abbey National en France et Cofinoga a acquis le courtier spécialisé DCAC Sygma Banque. Le sens de toutes ces opérations ne trompe pas.
" Peu de risques "
Le Crédit Foncier estime la production annuelle entre 700 millions et 1 milliard d'euros de production. General Electric évalue le marché autour de 500 millions pour 700.000 ménages avec un potentiel de croissance annuel de 20 %. Or les banques sont formelles : " Il y a finalement peu de risques dans ce métier, expliquait François Drouin, président du directoire du Crédit Foncier. Beaucoup de clients remboursent leur crédit avant échéance. Sur 20.000 crédits, une vingtaine d'affaires au plus ont été traitées à la barre. " Ainsi la clientèle du CFCAL n'est pas uniquement constituée de clients surendettés. Elle comprend de petites entreprises cherchant à se refinancer. Plus qu'un outil destiné aux clients en difficulté, les établissements de crédit le mettent en avant comme un outil de gestion du pouvoir d'achat.
Fort potentiel de croissance
L'offre évolue aussi sur le fond. Si un prêteur comme le Cetelem se concentrait jusqu'à présent sur la consolidation de crédits à la consommation, il s'interroge quant à un développement dans la consolidation hypothécaire, le rachat de crédit à la consommation assorti d'un crédit immobilier apportant la sécurité de sa garantie et un encours sur une durée plus longue. " Nous constatons le développement d'une demande hypothécaire liée à la hausse de l'endettement immobilier des ménages et au plus grand nombre d'offres des établissements de crédit ", note Yves Gaudin, directeur du réseau France de la filiale de BNP Paribas. La consolidation de crédit de type hypothécaire a un intérêt non négligeable pour un opérateur spécialisé en crédit conso.
" Les montants apportés en consolidation de dette hypothécaire sont plus élevés et de plus longue durée, avec un risque généralement bas. Cela permet d'offrir un taux compétitif aux clients, de les fidéliser. Financièrement, ce type de produits stabilise notre portefeuille d'encours, ce qui est un élément important "
, indique Michel Philippin, directeur général de LaSer Cofinoga.
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